Explorer l’île Nord de Bréhat : chemins secrets et merveilles naturelles

10/06/2025

Rejoindre l’île Nord depuis le bourg : passage du Pont ar Prat

Le cœur de Bréhat bat au rythme des ruelles fleuries du bourg central, point d’arrivée pour la majorité des visiteurs, surtout après l’accostage au débarcadère du port Clos. Mais pour rejoindre l’île Nord, le passage est à la fois symbolique et naturel. L’île de Bréhat est, en réalité, constituée de deux entités, séparées par un bras de mer appelé « le chenal du Kerpont ».

Pour réaliser cette petite traversée, l’essentiel est de trouver le fameux pont de Prat (ou Pont ar Prat), parfois appelé « pont Vauban » (à ne pas confondre avec celui du continent). Ce pont, simple voute de granit, sert de seuil aux marées qui inondent ou découvrent l’anse toute la journée. C’est le trait d’union de 50 mètres entre les îles Sud et Nord. L’accès au pont est balisé et atteint en une quinzaine de minutes à pied depuis le bourg, en prenant la route principale (direction Nord, vers le bourg de Pen ar Prat), puis, presque à l’évidence, en suivant le flot des promeneurs et les panneaux discrets.

  • Le pont est praticable à toute heure, quelle que soit la marée (source : Office de Tourisme de Bréhat).
  • Pendant les grandes marées, l’eau peut lécher les pierres mais le passage reste possible.
  • À noter : Vélo, charrette ou poussette passent facilement.

Cheminer le long des rivages : la côte est, entre lumières et solitude

Prendre vers l’est après le pont, c’est choisir la douceur des petites anses, l’appel du large et la compagnie de la mer. Sur la côte orientale de l’île Nord, le sentier serpente à flanc de landes et de genêts, parfois à quelques mètres à peine du ressac. C’est le chemin des lumières changeantes, où la silhouette rose du granit contraste avec les touffes de bruyère.

Que peut-on y voir, concrètement ?

  • La Chapelle Saint-Michel : En s’élevant vers les hauteurs, elle offre une vue panoramique sur l’archipel. Plus modeste à l’île Nord, la chapelle éponyme signale la présence d’anciens lieux de culte, encore perceptibles dans la toponymie.
  • La baie de Guerzido, puis la pointe de l’Arcouest : Des criques de galets et d’écume, fréquentées par les gravelots et parfois des phoques, surtout en automne.
  • Flore remarquable : Dès le printemps, violettes saxifrages, agrostis et ombellifères odorantes tapissent les talus, tandis que les échouages d’algues offrent de belles observations de petites faunes marines. La côte est, abritée des vents dominants, réserve ainsi souvent les floraisons les plus précoces de Bréhat.

Marcher ici, c’est aussi croiser des menhirs, vestiges de l’âge du Bronze, parfois oubliés entre deux épineux. Le chemin offre également des points de vue sur le phare du Paon, bien visible à l’horizon nord-est avec son signal rouge caractéristique.

Les sentiers les plus sauvages de l'île Nord : immersion et silence garantis

L’île Nord de Bréhat contraste fortement par son caractère rural et peu humanisé. Certains sentiers, à l’écart des itinéraires classiques, plongent le promeneur dans une ambiance quasi insulaire.

  • Le sentier de la lande de la Chambre : Sur la côte nord-ouest, ce minuscule chemin entre ajoncs et fougères frôle l’à-pic. Peu fréquenté, il débouche sur des panoramas escarpés, où l’on n’entend que la houle et les cris de goélands.
  • La traversée du vallon du Crec’h : Une poche d’humidité au creux de l’île, où la végétation change soudain : frênes et mousses, îlots de fougère, senteurs de terre. On peut y croiser le discret crapaud accoucheur, espèce protégée en Bretagne.
  • Les plages oubliées de Rosedo : Quelques marches sculptées dans le granit mènent à de petites criques tenues secrètes par la marée. Idéal pour une pause loin de l’agitation estivale.

Bon à savoir : ces sentiers ne sont pas toujours balisés, mais ils figurent généralement sur la carte éditée par l’Office du Tourisme (source : office-tourisme-brehat.fr).

Où faire une pause nature en randonnée sur l’île Nord de Bréhat ?

La randonnée sur l’île Nord invite à ralentir, à observer, et à savourer la nature sans hâte. Plusieurs spots, à l’écart des grandes foules, sont parfaits pour une pause :

  • Le hameau du Phare : Juste avant d’arriver au phare du Paon, quelques bancs de pierre et pelouses naturelles offrent une vue directe sur la mer d’Iroise. Aux beaux jours, les effluves de criste-marine et les chants d’alouette accompagnent le casse-croute.
  • L’anse Saint-Riom : Orientée vers l’ouest sur la côte nord, cette anse est connue des ornithologues amateurs. Munissez-vous de jumelles : guillemots de Troïl et cormorans y nichent au printemps. L’accès par le sentier côtier garantit le calme, même en haute saison.
  • Le rocher de la Chambre : Avec un plaid et un thermos, offrez-vous une sieste au soleil, bercé par le vent et entouré de coquelicots.

Paysages emblématiques à ne pas manquer

L’île Nord est le royaume des lumières franches et des reliefs tourmentés. Voici les spots naturels les plus saisissants :

  • Le Phare du Paon : Point quatre vents de l’île et phare emblématique, il veille depuis 1860 sur la côte sauvage. La vue embrasse l’archipel, le sillon du Talbert et la baie de Saint-Brieuc. L’accès se fait par un chemin minéral spectaculaire, entre dalles de granit rose et landes.
  • Les chaos granitiques : Au nord-est, les rochers sculptés par le vent et la mer valent toutes les cathédrales. Certains blocs sont taillés en forme de tortue ou d’oiseau — à vous de les identifier ! Ce site géologique est classé pour la richesse de son patrimoine naturel (source : Conservatoire du Littoral).
  • La lande du Crec’h : À l’aube, la brume qui flotte sur cette lande donne un aspect mystique, accentué par la présence de petits menhirs et de galets lissés. C’est l’un des rares endroits de Bréhat sans vue sur aucune construction humaine.

Petite anecdote : ces paysages ont inspiré plusieurs peintres bretons, dont Lucien Simon et Mathurin Méheut, séduits par les nuances changeantes du ciel et de la mer (source : Musée Mathurin Méheut).

Un itinéraire conseillé autour du phare du Paon

Pour les marcheurs avides de paysages et de nature, la boucle du Phare du Paon reste incontournable. Voici un itinéraire recommandé, alliant diversité des ambiances et tranquillité :

  1. Départ du pont ar Prat
  2. Remonter par le sentier côtier direction est, via les criques de Guerzido
  3. Traversée des landes, passage devant quelques calvaires typiques, puis arrivée au Phare du Paon (environ 1h15 à 1h30 selon allure)
  4. Tour du site du phare (grande esplanade, possibilité d’apercevoir les nids d’oiseaux de mer sur les falaises en contrebas)
  5. Retour par le sentier ouest, traversant la lande du Crec’h, direction anse Saint-Riom
  6. Bifurquer vers le vallon du Crec’h pour rejoindre les terres intérieures, puis retour au pont ar Prat
  • Boucle de 8 à 10 km, prévoir 3h à 3h30 avec pauses (source : guide IGN "L’Île de Bréhat à pied").
  • Pas de gros dénivelé, mais quelques passages glissants par temps humide.
  • Pensez à emporter de l’eau : aucune buvette entre le pont ar Prat et le site du phare (hors saison estivale).

Marée haute : l’île Nord reste accessible toute la journée

Contrairement à ce que l’on pourrait croire en voyant l’ampleur des courants, l’île Nord de Bréhat ne devient jamais "île close". Le pont ar Prat reste franchissable, même aux plus grosses marées (coefficient jusqu’à 120). Toutefois, en cas de tempête ou de mini-subaquation, le passage peut être temporairement inondé au plus fort de la haute mer — situation rare, essentiellement en hiver.

Les horaires des marées sont donc à surveiller si vous souhaitez explorer les criques et plages en contrebas du sentier : certaines sont immergées à marée haute, et impraticables. Les horaires sont affichés chaque matin au débarcadère du port et sur le site maree.info.

Île Nord vs Île Sud : esprit sauvage contre jardins secrets

Marcher sur l’île Nord, c’est changer de monde. L’île Sud, plus abritée, affiche des senteurs méditerranéennes avec ses mimosas, figuiers et jardins clos. Ici, chemins dallés et haies fleuries côtoient les maisons anciennes. L’île Nord, elle, revendique son côté nature brute :

  • Moins d’habitations : Sur moins de 2 km², on compte à peine une vingtaine de bâtisses, souvent éloignées du bord de mer.
  • Sentiers enherbés : Pas ou peu de routes, mais des allées de terre battue, parfois taillées d’ornières par la pluie.
  • Ambiances sonores : Le chant des oiseaux y recouvre le bruit des moteurs – très peu de véhicules circulent sur cette partie de l’île.
  • Paysages ouverts : Rares arbres, grandes étendues de lande, vues panoramiques. Au contraire, l’île Sud multiplie les murets et petites routes encaissées.
  • Tourisme : L’île Nord reste plus paisible hors saison, car la majorité des visiteurs ne s’y attardent qu’après le tour du phare.

Chaque marcheur pourra choisir selon ses envies : la quiétude du nord ou la luxuriance du sud... Pourquoi pas les deux, en alternant ? Cela donne au séjour un équilibre rare, entre charme des jardins et puissance du sauvage.

Invitation à la découverte, au fil des pas

L'île Nord de Bréhat dévoile ainsi une autre facette de l’archipel : plus dépouillée, plus âpre peut-être, mais intensément vraie. Là, sans voiture, sans bruit autre que le vent et le cri des oiseaux, chaque randonneur trouve le luxe du temps ralenti. Le sentier se fait compagnon, la mer parle à vos côtés, et le granit devient un guide séculaire. Prendre le temps d’explorer ces recoins, c’est renouer avec l’essentiel : s’ancrer dans le paysage, goûter le sel et la solitude heureuse. À très bientôt sur les chemins du Nord…

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